La découverte de NikiNeuts est sans retour. Artiste des plus hybrides, qui ne cesse d’étonner, au sens le plus fort. C’est que ses œuvres ne laissent pas indemnes… Dans ces palimpsestes qui font fi de toute catégorie (peinture, sculpture, installation, qu’importe?), le regard se laisse aller au voyage heuristique. Formes étranges, dynamiques et éthérées, qui semblent contenir dans leur giron un rappel mortuaire, des louanges de l’ombre.

 

On est pourtant loin de la morbidité grâce à l’énergie dégagée et à la séduisante mise en spectacle, toujours à l’honneur chez Niki. Celle que je nommerais «régisseuse de la matière » fait en effet feu de tout bois : élevage de poussière, poupées, fil de fer, tissus et toutes sortes de substances sont transformés en or entre ses doigts d’alchimiste. L’œuvre est dès lors constamment en mutation, chimère dont l’aura est « activée» dans l’espace. Une sculpture, une peinture ou une maquette de NikiNeuts n’aura donc jamais une existence autonome et indépendante des autres œuvres : on ne peut les aborder que par le biais du lien, de la correspondance, du fil. Le pacte avec Mephisto est signé.

 

C’est spontanément que Manifesto XXI a jeté son dévolu sur NikiNeuts.

Pour une première exposition du magazine, investir le Shakirail prenait tout son sens. « Artist-Run space » sous convention (voir article : MANIFESTO XXI RENCONTRE LE SHAKIRAIL DANS SA SÉRIE ARTIST-RUN SPACE : http://manifesto-21.com/artist-run-210-shakirail/ ), le Shakirail est un lieu mouvant, vivant, brut et riche.

En tant que soutien à la création jeune et émergente, il allait de soi que Manifesto choisisse un lieu comme le Shakirail. Terreau d’artistes prometteurs, l’espace mise sur le collectif, le partage, que ce soit par ses propositions d’ateliers ou par ses expositions dans cette partie de la résidence nommée « Cp5 ».

 

Cet espace d’exposition, sans prétention aucune, offre ses cloisons à vif à NikiNeuts qui s’en empare, tel un défi, pour proposer une collection : celle qui est issue d’une pulsion, celle qui s’accumule dans la boîte d’une petite fille, celle qui est irréelle ou celle qui est bien là, prête à être touchée. Pensée comme une exposition en extérieur et en intérieur, « Collection » est une œuvre ouverte où carnets, esquisses et projets viennent s’entourer compositions abouties, de rêves, de monstres et de pensées jetées comme une bouteille à la mer.

 

 

Elora Weill-Engerer, commissaire de l’exposition

Exposition du 24/11 au 3/12/2017